Dans un monde traversé par les crises — écologiques, sociales, technologiques — la question de l’avenir du design que me pose de nombreux parents et conseillers d’orientation n’est pas anodine.

Quel avenir pour le design ?

Une réflexion à partir du regard de Matali Crasset

Constat : Trop souvent élèves comme parents réduisent le design à une démarche d’embellissement ou de marketing. Mais si le design n’a qu’une fonction consumériste alors que peut-il apporter à une société en quête de sens, de lien et d’adaptabilité ? Le design ne se réduit pas à l’objet.  Quelle place pour une discipline souvent perçue à tort comme un simple outil d’embellissement ou de marketing ?

Pour éclairer cette réflexion, et dans le cadre de la préparation de mes cours pour l’année 2026, j’ai trouvé, je pense, la réponse à apporter aux parents en m’appuyant sur la pensée de Matali Crasset, figure incontournable du design contemporain, dont la démarche radicalement humaniste nous invite à repenser la nature même du design.

Un design inscrit dans le réel, les territoires, le vivant

Le designer de demain devra encore plus qu’aujourd’hui, avoir un comportement d’anthropologue. En effet son rôle est d’accompagner dans la compréhension de quelque chose et proposer de nouveaux comportements. Aussi les enseignements du design doivent-ils reposer sur un design de terrain, collaboratif et local, replace le geste de création au service du commun.

Comme le disait Steeve Jobs « la créativité consiste à connecter les choses entre elles ».

A titre d’exemple le projet — de l’école Le Blé en Herbe en Bretagne à la Maison Sylvestre dans le Var de Mathalie Crasset. Véritables  laboratoires de vie, où la forme émerge de l’écoute des besoins, des usages, des lieux.

Un design collaboratif et social

L’avenir du design selon Crasset passe par l’abandon du mythe du designer démiurge. Elle se conçoit plutôt comme une “accoucheuse” d’idées collectives, une facilitatrice, une médiatrice. Le designer devient un acteur social, un tisseur de liens, un déclencheur d’intelligence collective. Cette posture renverse les codes classiques du métier, mais lui donne un rôle majeur dans la recomposition des mondes.

« Le design, ce n’est pas faire joli : c’est créer les conditions d’une vie plus fluide, plus libre, plus ouverte. »

Un design pour un monde en transition

Dans un monde instable, il faut des structures souples. Le design de demain ne sera ni monumental ni définitif. Il devra être réversible, modulaire, temporaire, adaptable. Crasset le montre dans ses objets autant que dans ses espaces : tout peut être reconfiguré, détourné, reprogrammé.

C’est ainsi que le design peut accompagner les transitions — écologiques, numériques, sociales — non pas en apportant des “solutions clés en main”, mais en fabriquant les outils du changement. Le designer s’il s’est se positionner tel quel dans le monde qui sera le sien sera alors un élément essentiel dans le monde économique, social, environnementale dans lequel il vivra.

Un design critique et prospectif

Enfin, l’avenir du design devra aussi être réflexif, politique. Il ne s’agit plus seulement de “répondre à une demande”, mais de poser les bonnes questions, d’anticiper les usages, d’interroger les normes. Crasset, par sa pratique, rappelle que le design peut être un acte de pensée, une forme de résistance, une manière de réinventer nos manières d’habiter, d’interagir, de produire.

Loin des vitrines du luxe ou des salons de l’innovation technologique, l’avenir du design se joue peut-être ailleurs : dans les campagnes, dans les écoles, dans les friches urbaines, au contact des habitants, des enfants, des artisans.

Un design qui libère, pas qui fige

Pour Matali Crasset, le design n’est pas la création d’objets figés, parfaits, clos. Il est au contraire un outil pour déclencher des dynamiques, une manière d’ouvrir des possibles. Le designer ne cherche pas à imposer une forme finie, mais à donner aux usagers la liberté de s’approprier, détourner, transformer.

« Je ne cherche pas à imposer une forme, mais à proposer des cadres d’usage, des scénarios de vie, des systèmes ouverts. »

Avec des designers comme Matali Crasset et les jeunes qui sauront prendre le monde en marche,  le design devient un outil de transformation sociale, un langage du possible, une éthique de l’action collective.